JEUDI 26 NOVEMBRE 2020

La retraite, une pension magique ?

spazieren_0082_new
EN BREF
Conception lointaine et ambiguë, la retraite suscite, si ce n'est l'indifférence, une certaine confusion. Entre AVS, 3ème pilier et LPP, difficile en effet d'y voir clair. Pourtant, retraite ne rime pas nécessairement avec casse-tête. La preuve avec Ralf Plänkers, chef de la division Assurance Vie à la Vaudoise.
La retraite est un thème obscur aux yeux de nombreuses personnes. Comment la percevoir plus simplement ? 
Nous constatons en effet beaucoup d'incertitude chez nos clients. Il est déjà compliqué de comprendre, par exemple, son certificat de caisse de pension. Les gens partent généralement du principe que tout fonctionne machinalement, ou alors ils se basent sur les conseils, certes bienveillants mais pas toujours adéquats, de leurs proches. Or le plus judicieux est toujours de faire analyser sa situation personnelle par un spécialiste en prévoyance.

Beaucoup de salariés estiment toucher 60% à 80% de leurs revenus à l'âge de la retraite. Qu'en est-il réellement ? 
Dans les faits, beaucoup d'entre eux devront composer avec seulement 55% de leurs revenus ou moins. Par ailleurs, les taux de conversion de la LPP, utilisés pour convertir l'avoir du 2ème pilier en rente, ont tendance à chuter. S'ils se situent aujourd'hui à 6,8% , l'Assemblée fédérale souhaite les faire passer à 6%. De plus, en tenant compte de la part surobligatoire (part non soumise aux mêmes prérogatives législatives et établie selon un plan d'investissement personnalisé, NDLR) de la LPP, le taux moyen en Suisse est d'environ 5,7 %. Conséquence : les travailleurs toucheront tout simplement moins que ce qu'ils avaient prévu. 

Comment éviter cette douche froide ?
En anticipant et en commençant à planifier sa retraite le plus tôt possible, mais au plus tard dès 50 ans. Néanmoins, un conseil personnalisé préalable est impératif. 

Malgré cela, 25% des Suisses ne souscrivent pas de 3ème pilier. 
Oui et c'est regrettable, car les avantages sont multiples. D'abord, un 3ème pilier permet de bénéficier d'économies d'impôts pendant toute la période de cotisation. Ensuite, il aide à épargner et «contraint» les plus dépensiers à mettre de l'argent de côté, il procure aussi une tranquillité d'esprit appréciable. L'idéal est de commencer dès l'entrée dans la vie active et d'augmenter les sommes progressivement. Aux alentours de 40 ans, il devrait être envisagé, dans la mesure du possible, d'épargner le maximum déductible aux impôts (CHF 6883.- en 2021, NDLR). On s'assure ainsi un complément de trésorerie non négligeable – pouvant atteindre plus de 200'000 francs si l'avoir est investi de manière prudente – pour sa retraite. 

Faut-il toucher sa LPP sous forme de rente ou de capital ?
Cela dépend de la situation de chacun, il y a plusieurs paramètres à considérer. L'aspect fiscal tout d'abord : si on choisit une rente, elle sera taxée comme un revenu. Si on opte pour le capital, il ne sera imposé qu'une seule fois lors du versement, à un taux réduit. Le versement échelonné du capital est aussi une option, souvent plus avantageuse. Il faut également songer aux événements inattendus, comme un décès, lors duquel un capital reste dans la famille; dans le cas de la rente, les héritiers seront très désavantagés. Enfin, il faut penser à son niveau de vie ; une rente sera fixe jusqu'à la fin de ses jours. Si on prévoit d'être actif, en voyageant pendant les premières années de sa retraite, le capital offre plus de flexibilité. Un mix rente-capital peut être un bon compromis : la rente assure le long terme tandis que le capital permet de lutter contre l'inflation. 

Est-il indiqué de racheter des années de cotisations LPP ?
Selon l'évolution de leur salaire, nombre de personnes ont la possibilité de réaliser des économies d'impôts en rachetant des années de cotisations dans leur caisse de pension. Cette opération réduit en effet leur revenu imposable. Toutefois, là aussi, cela dépend de la situation de chacun. D'après l'âge ou les prestations offertes par la caisse de pension, le 3ème pilier peut être plus avantageux. Dans tous les cas, l'avis d'un spécialiste est impératif. Un professionnel se penchera notamment sur la question du taux d'intérêt pour la partie surobligatoire afin de conseiller avec justesse ses clients.

Quid de la retraite anticipée?
C'est une décision qui a un impact certain sur les prestations de retraite. Peut-être vaut-il mieux commencer par réduire son temps de travail, dans le but de s'assurer une rente plus confortable par la suite. Il n'y a qu'en faisant analyser sa situation personnelle que l'on peut déterminer si c'est envisageable ou non. Il faut rappeler aussi qu'une retraite anticipée ne dispense pas de cotiser à l'AVS et que, selon le 3ème pilier choisi, il n'est pas possible d'en bénéficier avant l'âge officiel de la retraite.